La promotion du Droit des Femmes consacrée par la journée internationale de la Femme, le 8 mars, de chaque année, donne lieu à de nombreuses manifestations dans toutes les régions du monde. La conférence internationale de la Femme de Pékin en 1995 fut un laboratoire d’idées, de perspectives qui ont orienté l’action de nombreux pays en matière d’égalité des chances. Un tremplin pour l’avenir.
L’égalité entre hommes et femmes constitue
un objectif politique.
L’année 2005 appelée « Pékin + 10 », établit le bilan de la mise en oeuvre des plates-formes d’actions définies en 1995. L’Union européenne, qui juridiquement, s’accorde à défendre le respect des droits de la Femme, a rappelé le 4 février dernier par la déclaration du Luxembourg son engagement à réaliser une mise en oeuvre totale et effective de la convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discrimination contre les femmes (CEDAW). L’égalité entre hommes et femmes constitue un objectif politique, elle est essentielle pour concrétiser les objectifs du millénaire : la pleine jouissance de tous les droits fondamentaux des femmes est indissociable des droits universels de la personne, elle est essentielle au progrès de la condition des femmes et des filles, de la paix et du développement.
Les mécanismes institutionnels sont les principaux vecteurs par lesquels les actions définies à Pékin peuvent être menées ; ils doivent agir comme catalyseur en faveur de l’intégration de la dimension de « genre » et de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Tout pays doit se doter aujourd’hui de critères d’évaluation de l’égalité, et raisonner en statistiques sexuées; la loi, en ce sens impose dans tous les lieux d’emplois une lisibilité de l’égalité par des bilans sociaux qui rendent compte de la présence des femmes, de leur statut, de leur position hiérarchique et salariale…
L’égalité entre hommes et femmes est nécessaire
- à la réalisation du plein emploi,
- à la croissance économique,
- à l’éradication de la pauvreté
- Le taux d’emploi et de chômage chez les femmes,
- supprimer l’écart de rémunérations,
- la ségrégation entre les sexes sur le marché du travail,
- le partage inégal du travail non rémunéré entre les femmes et les hommes,
- les déséquilibres hommes-femmes, en matière de prise de décision,
demeurent des défis pour l’Union européenne.
Toutes les mesures qui contribuent aujourd’hui à réconcilier vie privée, vie familiale et vie professionnelle sont des instruments d’évolution positive de la société qui assurent à nos pays une démographie minimum et un bien-être social. Prendre en compte tout l’être humain dans la réalité de l’emploi est devenue une approche insufflée par les conditions de travail des femmes qui en général gèrent plusieurs vies en même temps (la vie domestique, associative, professionnelle…). L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail remodèle les pensées sur la gestion des temps et la répartition des tâches.
Pourtant des inégalités criantes persistent, les comportements concrets sont en décalage avec la norme juridique. Le Président de la République a pu s’indigner récemment de l’inégalité salariale des femmes et des hommes (+ de 20 % à poste équivalent). Une nouvelle loi est à l’étude pour enfin supprimer les écarts de rémunérations sous 5 ans. L’on voit bien que la responsabilité des ségrégations, et des inégalités est une responsabilité partagée par la famille, l’école, la société… tous les éléments de la formation des consciences et des comportements, qui reproduisent ou accentuent des stéréotypes (ex : le réflexe d’entrée dans les filières de métiers dits féminins ou masculins).
Ce nouveau millénaire féminin?
Il ne le sera que si les hommes se sentent concernés par l’égalité. L’implication active des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité homme-femme est indispensable : la guerre des sexes est d’un autre âge. À titre d’exemple, la lutte contre la violence faite aux femmes, la violence domestique, l’esclavage moderne, la traite des femmes ne peuvent se réaliser sans la participation des hommes. Action qui va de la prise de conscience des réalités, au travail sur soi. Domination, violence et dépendance font encore trop de victimes dont le visage est singulièrement féminin. Le récent texte de loi qui attribue le logement au conjoint victime de violences est un aboutissement des recommandations de Pékin. Lorsque nous savons que huit femmes par mois en France meurent de violence conjugale, l’on mesure le chemin à parcourir pour enrayer les mécanismes déclencheurs de violence. À côté des textes internationaux et nationaux, la prise en charge au terrain des problématiques d’inégalités ou de violences subies, se fait à notre porte. Mieux répondre aux violences subies suppose de mutualiser les moyens pour agir (coordination associations – services sociaux – police -justice) pour permettre à la femme de sortir au plus vite de son statut de victime, et lui donner les moyens d’un retour à l’autonomie. D’une manière générale, les sanctions pénales et civiles vraiment appliquées sont un moyen de dissuader un nombre réel d’actes discriminants contre les femmes. C’est dans une politique locale concrète de vie au quotidien que se traduit la réalité du développement personnel et du respect de la dignité de la femme. La volonté politique de l’Union européenne est une chance pour les femmes de voir définir leur protection juridique de manière plus précise. La France est un pays de référence par son taux de natalité (1,92) et l’activité professionnelle des femmes (80 % des femmes en âge de travailler). Elle peut être leader de projets en matière de définitions de garde d’enfant, d’accueil de la petite enfance (exemple : crèche interentreprises, développement des services à la personne dans les entreprises et dans la ville, mise en place d’accords interprofessionnels sur l’égalité, notation sociale de l’égalité.) L expérience de la communauté européenne depuis le traité d’Amsterdam s’est basée sur la méthode de « l’approche intégrée » et incite tous les acteurs de la vie publique à conduire les changements de notre société à moyen et long terme dans une dynamique paritaire. Sensibiliser et mobiliser la population et l’ensemble des acteurs de la vie sociale et publique est essentiel.
Aucun développement durable de notre société ne sera assuré sans que les femmes participent pleinement à la vie de la société, et aux prises de décisions majeures qui gouvernent l’avenir de l’humanité. N’ignorons plus qu’un des piliers du développement durable et des perspectives d’évolution de notre société est fondé sur le rattrapage des inégalités hommes-femmes.
Christine Bruneau